Les chroniques de l'été (2) : « Saint-Germain, cela se mérite ! »
« Saint-Germain, cela se mérite ! »
En cette matinée peu ensoleillée, ce commerçant de pizzas voit à nouveau la police municipale verbaliser ses scooters de livraison placés devant son magasin. Ce n’est malheureusement pas la première fois et le conflit est latent entre ce commerce de livraison de pizzas à domicile et la ville. Le ton monte. Des commerçants voisins tentent de faire les médiateurs : ne peut-on pas trouver une solution viable ? Des restaurateurs ou cafetiers, par exemple, peuvent louer des emplacements de trottoirs devant leur commerce.
Un passant prend alors la parole en se présentant comme élu municipal de la majorité. Il défend la verbalisation et assène « quand on vit ou travaille à Saint-Germain, il faut avoir les moyens. Saint-Germain se mérite ».
Ce n’est pas la première fois que j’entends cette argumentation ! Si tout un chacun peut penser ce qu’il veut, je trouve cette phrase, dans la bouche d’un élu, inacceptable et irresponsable.
Pourquoi inacceptable ? « Avoir les moyens », c’est couvrir l’idée d’une ségrégation par l’argent, c’est favoriser la présence d’un territoire qui sélectionne « naturellement » par les prix du m² et les prix des commerces. C’est accepter à terme la création d’un « fort Knox » de l’argent excluant ceux qui n’ont pas « les moyens ».
Pourquoi irresponsable ? « Saint-Germain, cela se mérite ». Dans la bouche d’un élu municipal, cela est particulièrement choquant. Cela se mérite ? Ah oui ? Et comment ? Par diplôme remis par la municipalité ? Par une commission d’attribution de l’acceptation de vivre dans la bonne ville de Saint-Germain ? Le rôle d’un élu est au contraire de favoriser la diversité dans sa ville. Qui se rassemble s’assemble, dit le proverbe ; justement, l’élu municipal doit veiller à l’équilibre de sa ville, la richesse d’une population alliant jeunes et seniors, salariés, artisans, commerçants, et retraités, cadres et employés. L’élu municipal doit justement se battre contre le mur de l’argent, favoriser aussi le logement social dans la ville de Saint-Germain. La population est bien contente de trouver les services publics municipaux, crèches, centres de loisirs, hôpital, encore faut-il que les fonctionnaires, les employés, les cadres moyens, les infirmières, les policiers puissent aussi se loger dans la ville et non à 50 km de là.
Notre rôle d’élu est de corriger les effets extrêmes du marché. C’est vraiment une conception totalement différente que nous défendons pour un Saint-Germain ouvert, divers et généreux que celle de cet élu de la majorité.
Pascal Lévêque, conseiller municipal PS de Saint-Germain-en-Laye
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