Tarifs municipaux à Saint-Germain-en-Laye : nette hausse depuis 5 ans

Publié le par Parti Socialiste de Saint-Germain-en-Laye

Ce blog a abordé à plusieurs reprises la question des tarifs municipaux, plus élevés à Saint-Germain qu’ailleurs. Nous avions ainsi comparé le prix de la piscine intercommunale et celui de la bibliothèque municipale à ceux pratiqués dans les autres villes de plus de 20 000 habitants des Yvelines.

Nous analysons dans cet article l’évolution des tarifs depuis le début de ce mandant municipal, donc sur une période de 5 ans de 2008 à 2013. Sur cette période, les évolutions ne relèvent pas d’aléas, comme les arrondis de certains tarifs, mais bien d’une politique tarifaire de la majorité municipale.

Nous les comparerons aussi aux rémunérations des prestations effectuées pour la mairie par une kyrielle de salariés à temps partiel comme l’encadrement des activités extra-scolaires, les médecins scolaires, les animateurs de rue, les ouvreurs du théâtre, etc.

Les données utilisées sont les tarifs votés chaque année en conseil municipal. Nous les avons mis en ligne en fin d’article pour que chacun puisse les consulter et juger par soi-même. Il nous est arrivé ponctuellement d’observer que la pratique différait des votes en conseil (comme par exemple au Conservatoire où une réduction a été appliquée alors qu’elle ne figurait pas dans la délibération votée), et nous appelons nos lecteurs à nous signaler d’autres anomalies, mais globalement nous n’avons pas observé d’écarts systématiques entre les votes et la pratique.

Parmi la trentaine de pages des multiples tarifs, lesquels sélectionner ? On pourrait évidemment nous faire le procès d’avoir retenu les prix qui ont le plus augmenté pour orienter notre sélection. Il n’en est rien : nous avons sélectionné les prix des services les plus courants dans des domaines très divers de l’activité de la ville. D’ailleurs, qu’il s’agisse de la cantine, de la bibliothèque ou des concessions du cimetière, le même pourcentage d’augmentation est généralement appliqué à toutes les modalités de service.

Nous avons retenu les services suivants :

Eau : part de la ville en € par m3

Stationnement de surface : tarif normal pour une durée de 2h

Bibliothèque : tarif pour une famille saint-germanoise

Conservatoire : cycle de musique, tarif pour les saint-germanois

Repas senior : pour un adhérent, hors boisson

Cimetière : concession de 2 m2 pour 30 ans dans le nouveau cimetière

Echafaudage sur trottoir : 15 premiers jours, par mètre linéaire

Et pour les services aux commerçants et entreprises :

Terrasse de restaurant : en centre-ville, par m2

Fête des Loges : manège adulte, par m2

Publicité dans le magazine : 1 page intérieure

Ces 10 services seront complétés dans un prochain article par une analyse des tarifs de cantine, qui ont évolué de manière très hétérogène selon le niveau de quotient familial et requièrent une analyse spécifique.

Tarifs : des hausses très supérieures à l’inflation

Sur les 10 services sélectionnés, on observe sur 5 ans une hausse qui varie de +5,7% pour la publicité à +30% pour l’eau. Par comparaison l’inflation de fin 2007 (vote des prix pour 2008) à fin 2012 (vote des prix pour 2013) a été de +7,7%.

Le graphique suivant montre les services classés par augmentation décroissante :

Tarifs_Municipaux_2008-2013.png

On observe qu’un seul tarif a évolué plus faiblement que l’inflation : tous les autres ont progressé plus vite, et pour quatre d’entre eux, de plus de 10% au-dessus de l’inflation.

Un seul cas d’augmentation peut être attribué à un arrondi : celui du stationnement de surface de 2,20 à 2,40 €. Toutes les autres augmentations ont été faites en plusieurs fois et sans arrondi particulier.

Cet aspect apparaît nettement sur le graphique suivant, qui montre tous les prix en base 100 en 2008 :

Tarifs_Municipaux_2008-2013_Graphique.png

On voit qu’une forte augmentation a été opérée en deux années (2010 et 2011) sur la part de la ville dans le prix de l’eau. Les terrasses de restaurant sont en forte hausse sur deux années également, 2012 et 2013. La pose des tarifs de publicité serait due à une désaffection des entreprises locales pour ce média. Les revenus stagnent en effet et sont même un peu inférieurs en 2012 (348 000 €) à ce qu’ils étaient en 2008 (354 000 €). Nos réserves répétées sur ce support de communication du maire abusivement appelé « Journal » de Saint-Germain seraient-elles partagées par de nombreux habitants qui ne le parcourent que distraitement (voir nos articles de 2008 et 2010 et la vidéo de novembre 2010) ?

Rémunération : des hausses très inférieures à l’inflation

Comment les personnels de la ville sont-ils rémunérés en retour ? Les hausses de tarifs sont-elles utilisées pour améliorer le niveau de vie des salariés ? Comparée à d’autres villes de taille similaire, le budget alloué aux salaires est plutôt faible à Saint-Germain. Cependant cette comparaison est malaisée car elle dépend de la politique de la ville : les villes qui gèrent une activité par elles-mêmes (en régie) dépensent plus en salaire que celles qui délèguent à une entreprise privée, comme c’est le cas plus qu’ailleurs à Saint-Germain. Quant à l’évolution des rémunérations de telle ou telle personne salariée de la ville, il est impossible de les suivre dans le temps, cette information n’étant évidemment pas publique.

Par contre, le taux horaire de rémunération des vacataires est une information publique, et elle concerne un grand nombre de personnes dans des domaines très divers du fonctionnement de la commune :

- Médical : Psychologue, médecins de crèche, aide-soignant(e) SSIAD (Services de Soins Infirmiers A Domicile)

- Animation & activités périscolaires : Animateur de rue, espace jeunes, animateur de stages de découvertes culturelles, restauration, garderie, études surveillées, remplacements ponctuel d’ATSEM (Agent Spécialisé des écoles Maternelles), heure supplémentaires des Journées Cadre de Vie

- Activités artistiques : Ateliers seniors, artiste plasticien, intervention pédagogique au conservatoire, jury au conservatoire, modèles d'art

- Conférences : club séniors, bibliothèque, conservatoire

- Technique : Assistanat logistique, agent technique polyvalent

- Sécurité : Contrôle accès

Ces fonctions sont des temps partiels subis, souvent en soirée ou le week-end. Leur statut est précaire.

Comment ces rémunérations ont-elles évolué pendant le mandat municipal qui s’achève ?

Le graphique suivant montre les niveaux de rémunérations de ces diverses activités :

R-mun-rations_pr-caires.png

Remarques :

- Les courbes ne couvrent pas toutes les mêmes années car ces taux de rémunérations ne sont pas revus chaque année, mais en fonction de délibérations spécifiques. Lorsqu’ils ont été actualisés, certains tarifs étaient restés inchangés depuis 2006, d’autres depuis 2007, etc.

- Les postes rémunérés au SMIC figurent bien entendu en bas du graphique. Ils sont trop nombreux pour être tous indiqués. La liste suivante n’est pas limitative (extrait de document présenté au conseil municipal du 5 avril 2012) :

Fonctions_au_SMIC.png

On remarque la forte hausse de la rémunération des psychologues en 2012. Il ne s’agit pas d’un choix de la ville mais d’un tarif imposé par l’ARS (Agence régionale de santé). Les médecins de crèche n’ont pas été concernés par cette hausse et gagnent deux fois moins que les psychologues.

Comme les augmentations portent sur des périodes différentes, il est plus intéressant de les exprimer en augmentation annuelle pour les comparer, comme dans la colonne de droite de ce tableau :

R-mun-rations_pr-caires_tableau.png

On constate que la plupart des tarifs ont augmenté de moins de 1% par an, donc moins que l’inflation, qui a été en moyenne de 1,49% par an sur cette période. Les animations de rue (et une longue liste de fonctions) ont été rémunérées au SMIC, et donc ont monté de 1,87% par an en moyenne, comme le SMIC.

Ces tarifs peuvent être mis en base 100 de manière à faire ressortir le niveau des augmentations et de les comparer visuellement avec l’inflation et le SMIC :

R-mun-rations_pr-caires_base-100-en-2009.png

Les augmentations décidées ces dernières années ont presque toutes été inférieures à l’inflation. Seules les rémunérations qui ne sont pas du ressort de la municipalité ont été supérieures à l’inflation : celles qui sont au SMIC et les psychologues.

Cette politique tend à rapprocher du SMIC les rémunérations un peu supérieures. C’est ainsi que les animateurs d’activités périscolaires, qui étaient mieux payés ont rejoint en 2011 la liste des smicards de la ville :

R-mun-rations_pr-caires_zoom-act-extrascolaires.png

Ces informations ont été présentées en conseil municipal le 5 avril 2012, et l’équipe majoritaire a réitéré son choix politique dont nous avions déjà fait l’analyse critique en conseil :

 

Tarifs, rémunérations et taxes locales : des choix qui définissent une politique

Pour nous, les tarifs municipaux, les rémunérations et les taux de taxes locales sont trois variables indissociables de la gestion financière de la commune. L’actuelle majorité municipale a clairement fixé des priorités :

- La taxe foncière est à Saint-Germain inférieure de moitié à la norme ; la taxe d’habitation est à peine inférieure à la norme. La répartition entre ces deux taxes est indifférente aux foyers qui sont propriétaires de leur logement et de lui seul. Mais elle ne l’est pas pour les locataires ou les propriétaires de logements en location : les gros propriétaires sont nettement avantagés au détriment des locataires.

- Les tarifs municipaux sont élevés ; pour beaucoup de tarifs une réduction de 10% est accordée aux familles de 3 enfants et plus sans condition de revenus, de préférence à un tarif fonction de la tranche de quotient familial, qui serait aussi facile à utiliser puisque la carte famille comporte une lettre qui qualifie le quotient familial.

- Les rémunérations sont basses, surtout en comparaison avec le coût de la vie à Saint-Germain. Pour de nombreux services de la ville, la rémunération du personnel est le premier poste de dépense. Il y a donc un lien direct entre le niveau des taxes et les taux horaires de rémunération.

Sur ces trois choix le maire actuel avantage les plus aisés au détriment des plus modestes. Au lieu d’introduire une dose de solidarité par des tarifs différenciés, la politique actuelle est exclusivement nataliste. Quant aux taxes basses pour les propriétaires de biens en location, elle est obtenue au prix du déclassement des salariés précaires et à temps partiels subis. Cette situation a accompagné le mouvement de hausse des inégalités observé depuis 2002, autant sur les revenus que sur le capital, ainsi que la baisse des revenus du travail comparés aux revenus du patrimoine.

Il serait tout à fait possible de procéder différemment :

- En rééquilibrant les taux de taxe foncière et de taxe d’habitation

- En remplaçant la réduction de 10% pour familles de 3 enfants et plus par une réduction basée sur le quotient familial de la carte famille

- En stoppant l’érosion de la rémunération des vacataires, notamment les étudiants et les jeunes actifs pour qui ce ‘job’ est souvent la source principale de revenu

La situation actuelle n’est pas inéluctable, elle relève de choix politiques parfaitement réfléchis de la majorité actuelle. Il est tout à fait possible de gérer la ville avec rigueur mais avec des valeurs différentes : plus solidaires et plus attentive aux difficultés des jeunes actifs.

Oui, on peut gérer Saint-Germain autrement.

 

Pour en savoir plus :

2008 : Tarifs municipaux : l’exemple de la bibliothèque

2008 : Tarifs municipaux : l’exemple de la piscine

2009 : Le vrai prix des impôts locaux réduits

2011 : Jeunes : travaillez plus pour gagner moins !

2013 : La politique du Boa

Références, tarifs municipaux utilisés dans cette analyse :

Tarifs municipaux 2008 et 2009

Tarifs municipaux 2010 et 2011

Tarifs municipaux 2012 et 2013

Publié dans Conseil municipal

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
<br /> L'analyse des revenus en 2011 donne des indications qui vont dans le même sens que nos observations à Saint-Germain. Au niveau national le niveau de vie des plus aisés a augmenté tandis que celui<br /> des modestes a diminué, pour la troisième année consécutive depuis 2008 :<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1464<br /> <br /> <br /> De 2008 à 2011 les 5% des plus hauts revenus ont augmenté de 5%, tandis que les 10% des plus faibles revenus baissaient également de 5% (en tenant compte de l'inflation, c'est-à-dire en euros<br /> constants).<br /> <br /> <br /> La politique fiscale, tarifaire et de rémunération des salariés précaires de la ville de saint-Germain s'inscrit dans le panorama national d'augmentation des inégalités.<br /> <br /> <br /> Conséquence directe de l'augmentation des inégalités, la pauvreté est passé en France de 2008 à 2011 de 13% à 14,3% de la population (avec la définition à 60% de la médiane).<br /> <br /> <br /> Ajoutées les unes aux autres et accompagnées par la politique du gouvernement pendant cette période, toutes les petites décisions locales que cet article décrit contribuent à cette évolution<br /> inquiétante de la société française. Une société plus inégalitaire est généralement plus encline au conflit et à la violence en période de crise, plutôt qu'à l'effort partagé et solidaire.<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre