Politique de sécurité à Saint-Germain-en-Laye : quels sont nos enjeux ?
Vous l’avez sans doute remarqué. Le Journal de Saint-Germain daté du 1er décembre contenait en encart de 16 pages, sobrement intitulé par la majorité municipale « Bilan mi-mandat 2020-2023 ». Une réunion publique salle Jacques Tati est venue en apporter une présentation orale le 14 décembre. Il était frappant de constater qu’à peine une demi-page était consacrée au sujet de la sécurité et de la tranquillité publique, traité sous l’angle sécuritaire, alors qu’il était pourtant présenté comme un engagement fort du mandat de la majorité.
Disons-le sans ambiguïté : la sécurité de tous est un élément fondamental de notre pacte républicain, et donc à ce titre, une des préoccupations prioritaires de la gauche.
Le Ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer met à disposition des données détaillées sur l’évolution des différents faits de délinquances à la granularité des communes, à partir desquelles nous avons pu établir les deux graphes ci-dessous pour la ville de Saint-Germain-en-Laye, pour la période 2016-2022 (https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/bases-statistiques-communale-et-departementale-de-la-delinquance-enregistree-par-la-police-et-la-gendarmerie-nationales/).
Ces données sont comme toujours à considérer avec précaution. Les cambriolages sont par exemple largement déclarés et donc décomptés (74 % selon sur la période 211-2018 selon le ministère), alors que c’est le contraire pour les violences sexuelles hors ménage (12 % sur la même période). Les violences entre personnes augmentent, mais c’est notamment dû au fait que plus en plus d’infractions sont comptabilisées comme des délits, ainsi que l’explique l’Observatoire Scientifique du Crime et de la Justice (OSCJ – CESDIP).
Le Parisien 78, daté du 20 décembre, présentait une analyse des effectifs des polices municipales des 15 plus grandes villes des Yvelines. De part leur dimension de proximité, elles sont un levier important d’une politique de sécurité ambitieuse. Saint-Germain-en-Laye y apparaît en seconde position en terme de richesse de l’effectif, avec un ratio de 1 pour 1100 habitants. La ville est donc bien dotée, même s’il faut veiller à entretenir la flamme des vocations, et s’est donné les moyens d’avoir des résultats convaincants.
Nous devons cependant admettre que si la situation peut sembler à peu près sous contrôle, nous ne pouvons pas nous contenter de ces résultats.
Certes la majorité municipale a inscrit au Budget Primitif 2024 de nouveaux investissements, pour la finalisation du CSU (Centre de Surveillance Urbain), et aussi pour l’achat de moyens de vidéo surveillance supplémentaires. L’efficacité réelle des caméras fait généralement l’objet de débats, notamment en regard des sommes investies, mais peu d’études sont disponibles pour conclure définitivement. Il faut probablement y regarder au cas par cas, et nous solliciterons donc prochainement la majorité municipale pour clarifier ce point sur notre commune.
Cependant, lors du conseil municipal du 22 décembre, notre élu socialiste, pour le groupe d’opposition de gauche, a rappelé qu’il resterait particulièrement vigilant au respect des libertés individuelles et collectives, quant au traitement de ces données personnelles. Nous sommes dans une période intermédiaire où tout n’est pas encore bien défini en matière de législation, notamment eu égard aux récents débats sur la loi de mai 2023 d’expérimentation à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, et sur le futur AI (Artificial Intelligence) Act de l’UE, en cours de finalisation.
Cette expérimentation pendant les JO autorisera l’alimentation d'algorithmes à partir de caméras de vidéosurveillance, pour identifier des troubles à l’ordre public de manière préventive (mouvement de foule, départ de feu, etc.). Il s’agira d’un outil d’aide à la décision, ce qui veut dire que toute intervention ne pourra néanmoins être décidée que par un humain. Elle interdit en revanche à ce stade toute mise en œuvre de reconnaissance faciale, ou toute manipulation de données biométriques.
Un groupe de 45 députés européens a plus généralement appelé la France à « à défendre une interdiction ambitieuse et intransigeante de la surveillance biométrique de masse dans les espaces publics accessibles » dans le cadre des négociations en cours avec l’UE.
Nous socialistes sommes particulièrement attachés à tirer sans cesse le meilleur parti des innovations technologiques, porteuses de progrès, que nous soutenons et souhaitons développer. Elles doivent être ici sereinement régulées, afin de garantir le respect des libertés individuelles, mais aussi de donner les moyens à nos forces de police de faire face, avec la plus grande efficacité, aux menaces rencontrées.
Par ailleurs, une expérimentation de brigade équestre a également débuté depuis le 4 décembre, pour une durée de six mois. Deux chevaux sont prêtés par la Garde Républicaine à la ville, et deux agents de la police municipale ont été récemment formés. Les principaux intérêts reconnus de ce type de brigade sont plutôt la possibilité de créer du lien à travers la sympathie suscitée par le cheval, la capacité de dominer la foule, ou encore la capacité d’aller là où piétons ou voitures vont moins facilement. Les manifestations, et débordements parfois malheureusement associés, étant rares à Saint-Germain-en-Laye, le rapport coût-bénéfice de ce projet reste à évaluer plus précisément.
Mais une politique de sécurité efficace ne se limite pas à ces éléments techniques. Comme l’avait rappelé Nathalie Appéré, maire socialiste de Rennes, à l’occasion de l’adoption de la « stratégie sécurité et tranquillité publique » pour son mandat en cours : « La stratégie qui vous est présentée ici s'inscrit dans une politique globale de lutte contre l'exclusion et les inégalités. Nos réponses sont donc sécuritaires mais aussi sociales, économiques, culturelles, éducatives ».
C’est bien un plan détaillant une feuille de route globale qui doit être décrit, allant de la prévention auprès des jeunes, aux actions auprès des parents, à un meilleure prise en compte de toutes les formes de violences et d'incivilités ainsi que de leurs racines, bref, à un regard transverse ambitieux, seul capable de produire durablement de meilleurs résultats en matière de lutte contre la délinquance.