SIDRU (4) : Le président du Sidru sur la défensive en conseil municipal

Publié le par Parti Socialiste de Saint-Germain-en-Laye

Jeudi 4 octobre se tenait le conseil municipal de Saint-Germain. En fin de conseil ont été présentés les rapports 2006 des syndicats intercommunaux.

logo-sidru.jpgJean Laurent, conseiller municipal socialiste, a ainsi pu poser un certain nombre de questions au maire au sujet de la gestion spéculative de la dette du Sidru, que nous dénonçons depuis plusieurs mois sur ce blog (pour plus de détails, voir nos articles n° 2 et n° 3)

Le maire de Saint-Germain, qui est également président du Sidru, avait bien entendu préparé sa réponse, puisque nous l’avions informé de notre courrier aux maires des autres communes (voir conclusion de l’article n°3).

Sa réponse tient en plusieurs points :

·          Tout d’abord la dette du Sidru est lourde. Il rejoint là notre analyse de l’héritage qu’il a trouvé en prenant la présidence du Sidru (voir article n°1 sur l'historique du dossier). Il a insisté sur le taux élevé de cette dette : 5,10% pour un emprunt et 5,92% pour l’autre. Donc il devait faire quelque chose quant aux dépenses nécessaires pour faire face aux évolutions des normes de sécurité. Jusque-là nous sommes d’accord.

·         Il a donc choisi de gérer la dette de manière « moderne », ce que nous appelons ‘spéculative’. Il a clairement indiqué : « Nous avons pris des risques ». Nous, c’est lui-même et l’adjoint au maire de Conflans. M. Lamy cherche à nouveau à diluer ses responsabilités, en impliquant cette fois le Vice-président du Sidru. C’est pourtant bien lui le président du Sidru, et le signataire de tous les contrats. C’est lui qui a la délégation des 15 membres du Sidru.

·         Puis il a nié que ces opérations aient entraîné des pertes. Il a même donné le montant de « 7 millions d’euros » de gains. Il n’a par contre pas mentionné la valeur liquidative des opérations, information capitale que nous avions pourtant demandée. Ces ‘gains’ supposés sont d’ailleurs contradictoires avec sa description de la position de taux qui a été défavorable depuis que la courbe des taux s’est aplatie. Il a reconnu le taux à payer de 11%, taux énorme, qui valide notre estimation de 12% à 13% (article n°2).

·          Pour rattraper cette première perte, il a négocié deux  swaps de change. En clair, cela veut dire qu’il a pris sa perte sur la spéculation sur la courbe des taux, ce qui rejoint notre analyse (article n°3).

·          Il a donc décrit le risque lié à ces swaps de change, à savoir une perte si l’euro/franc suisse passe en dessous de 1,41 avant janvier 2014, ou en dessous de 1,36 avant avril 2029. Il considère que ce scénario est peu vraisemblable. Pourtant, un calcul financier montre que la probabilité que l’euro/franc suisse soit inférieur à 1,36 en 2029 est de 60%. Il y a donc plus d’une chance sur deux pour que le taux à payer en fin d’emprunt soit de l’ordre de 36%. Oui, 36% de la dette restante à payer chaque année !

·          Concernant l’autre formule de change, le Sidru paiera un taux élevé si le taux euro/dollar passe au-dessus du taux euro/franc suisse avant fin 2018. Actuellement ces taux sont respectivement égaux à 1,41 et 1,66. Les calculs montrent que la probabilité de payer le taux élevé est également supérieure à 60%. On peut en juger simplement en regardant l’évolution du différentiel (euro/dollar - euro/franc suisse) depuis l’an 2000 : -0,66 (octobre 2000), -0,57 (oct. 2001), -0,48 (2002), -0,38 (2003), -0,29 (2004), -0,35 (2005), -0,33 (2006) et enfin -0,25 actuellement. Ce différentiel a diminué de près des 2/3 depuis 2000, et le président du Sidru parie qu’il va rester négatif pendant 11 ans ! Si le seuil de 0 est franchi le taux à payer montera rapidement : 37% pour un différentiel de +0,20. On peut illustrer cette formule par le graphique ci-dessous : le Sidru paiera un taux élevé si la courbe bleue rentre dans le rectangle rouge :
Sidru-4.gif

 

·        Pour conclure, M. Lamy a rappelé la nécessité de ne pas rester inactif devant la dette élevée du Sidru, et de chercher à la réduire par tous les moyens : il cherchait à faire croire qu’il avait l’obligation de spéculer !

 Notre analyse :

·        On sentait E. Lamy mal à l’aise jeudi dernier pour parler de ce dossier. Il a tenté de défendre ces opérations tout en se défaussant sur le Vice-président du Sidru. Ses arguments ‘techniques’ ne sont pas convaincants pour qui travaille dans ce domaine.

·        Cette description des faits montre que le président du Sidru se refuse à faire le bilan objectif et lucide des opérations de swaps faites depuis 2005. Alors qu’il trouve les taux de 5,10% et 5,92% « trop élevés », il a mis le Sidru en situation de payer des taux bien plus hauts d’ici quelques années.

·        Nous avons appelé l’adjoint aux finances de Conflans et Vice-président du Sidru, mis en cause par E. Lamy jeudi, qui nous a déclaré : « Au Sidru il est nécessaire d'établir un plan de gestion global sur 20 ans, avec un redéploiement des charges prévisibles, certaines comme le rachat de l'usine à 20% de sa valeur en fin du bail emphytéotique en 2018[1], ou aléatoires comme l'évolution des normes ou des taux d'intérêt. Cette étude est indispensable pour définir la progression régulière des ressources, nécessaire aux équilibres budgétaire et donc garantir une augmentation progressive et maîtrisée du prix à la tonne facturé aux communes. Actuellement on navigue à moyen terme, presque à court terme (5 ans). On ne peut pas attendre les élections municipales. Cette étude doit être menée avant.

En ce qui concerne les Swaps CMS, ils ont été faits par un expert alors en accord avec les indications du ministère de l'Intérieur, avant que je ne m’occupe directement des finances du Sidru. Le Sidru a mis fin aux services de cet expert.

Les swaps de change ont permis de résoudre les problèmes immédiats. Il faudra néanmoins dans une vision saine, intégrer les intérêts, les aléas éventuels qu'ils peuvent constituer, en provision dans le plan global de gestion pour en assurer la cohérence et le réalisme.». A notre avis, les swaps de change repoussent le problème et l’amplifient plus qu’ils ne le résolvent. Pour les swaps de taux, l’interruption du contrat de l’expert est cohérente avec les pertes que nous avons calculées. Pourquoi le Sidru aurait-il mis fin aux services de cet expert si ses conseils avaient permis de gagner de l’argent, comme Emmanuel Lamy l’a prétendu ? (voir encadré dans notre article 3).

·        Si le Sidru a besoin d’investissements pour appliquer les normes techniques, alors il faut augmenter la taxe ou augmenter les contributions des villes. Sur ce point nous donnons raison au Vice-président du Sidru. Mais M. Lamy a fait des taux de taxes locales bas un tel enjeu politique qu’il se refuse à cette solution rationnelle. Donc il a joué. C’est comme si un particulier surendetté espérait se renflouer au casino. Manque de chance, son pari fait en 2005 a été perdant. Qu’a-t-il fait en 2007 ? Il a doublé sa mise avec des opérations encore plus risquées.

·        Nous dénonçons de manière catégorique cette politique. Nous répétons que nous voulons :

1.  Que soient évaluées les valeurs liquidatives des swaps en cours de manière à évaluer la rentabilité globale de ces opérations

2.  Que ces opérations soient annulées dans les ‘moins mauvaises’ conditions possibles

         3.    Que les finances du syndicat soient revues et – si nécessaire – que la taxe et/ou les contributions des communes soient augmentées « de manière progressive et maitrisées » ainsi que le suggère le vice-président du Sidru dans notre entretien.


[1] En effet à l’issue du crédit bail le syndicat devra payer une partie du coût de l’usine.

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