Drogues : la Suisse ouvre le débat

Publié le par Parti Socialiste de Saint-Germain-en-Laye

 La nouvelle est passée largement inaperçue : le thème des drogues a fait débat il y a quelques semaines en Suisse, où les élus du parti socialiste (PSS) ont adopté une position qui ­réclame une politique de lutte contre toutes les dépendances, indépendamment de la nature des substances addictives.
«Nous ne banalisons pas les produits stupéfiants, mais nous voulons en protéger la société», a dit la conseillère nationale genevoise Liliane Maury-Pasquier devant la presse à Berne. Il faut différencier les situations où il y a une mise en danger d'autrui, par exemple quand on prend le volant en état d'ébriété, et celles où ce n'est pas le cas, par exemple si on boit à la maison.
Les dommages que l'on s'occasionne à soi-même par la consommation de substances psychotropes ne doivent plus être poursuivis pénalement, a renchéri la conseillère nationale zurichoise Jacqueline Fehr sur ce sujet.
www.tsr.ch  6 déc. 2006
  

En France, malgré la campagne électorale qui débute, ce sujet est peu débattu.
Et pourtant il y a tant à dire !
La loi du 31 décembre 1970 n'est ni appliquée ni applicable. Police, justice, ONG, tout le monde s'accorde - mezza voce - sur le fait cette loi n'est plus en phase avec la société française contemporaine.
Doit-on emprisonner les millions de consommateurs de cannabis, en application de la loi ?
[Article L3421-1 : L'usage illicite de l'une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d'un an d'emprisonnement et de 3750 euros d'amende] 

Doit-on continuer à voir quelques milliers de petits malfrats profiter de cette situation hypocrite pour animer le marché noir et assurer leur impunité en contrôlant par la violence des quartiers entiers ?
Doit-on continuer à faire consommer des produits incontrôlés par des millions de français ?
Non, alors que faire ?
Le mérite du débat c'est précisément d'aller au-delà de la difficulté - réelle - à légiférer sur ce thème. On s'aperçoit tout d'abord que chacun aborde cette question sous un angle différent. Certains y voient une question morale, d'autres de liberté individuelle et d'autres enfin de santé publique.
Le point de vue moral a largement dicté la loi de 1970 : les drogues qui font partie de notre culture sont licites, les autres non. Les deux drogues « bien de chez nous » - l'alcool et le tabac - ont vu leur usage réglementé et la politique de prévention et d'interdiction ciblée a payé : leur consommation à baissé continûment depuis 1960, sauf pour certaines catégories d'usagers, comme les jeunes femmes. Les consommateurs de produits illicites, principalement du cannabis, ont plaidé pour une dépénalisation au nom de leur liberté individuelle. 

Au parti socialiste on considère plutôt que ce problème doit être abordé comme un problème de santé publique : le commerce et les habitudes de consommation des produits stupéfiants se sont mondialisés. Que faire pour en limiter les dégâts et en protéger les plus vulnérables ?
Cette politique a trouvé un début d'application entre 1997 et 2002, avec une campagne de sensibilisation intitulée « Savoir plus, risquer moins » qui abordait les questions de dépendance et de dommages sans faire de barrière entre les drogues licites et illicites.
Mais il faut maintenant aller plus loin, refondre la loi de manière à la rapprocher de la société, et de cette manière rendre les conduites addictives moins nocives et moins désocialisantes. Finalement il faut reconnaître que la loi ne parvient pas à agir sur les tendances de fond, comme la diversification des drogues consommées, observée à l'échelle mondiale depuis 40 ans. Par contre elle peut - et doit - d'une part dicter les conditions de consommation : publicité des produits, lieu de vente, information aux consommateurs et cas ciblés d'interdiction (conduite routière et lieu de travail) ; et d'autre part aider les malades à s'en sortir. 

Comme a déclaré Mme Maury-Pasquier, citée plus haut : « La dépendance est une maladie. Il faut l'éviter ou la soigner. » 

Les drogues restent un sujet tabou. Et vous, qu'en pensez-vous ?
Emmanuel Fruchard

Publié dans Politique nationale

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