Sécurité : savoir balayer devant sa porte
Dans cette période où il ne se passe pas un jour sans déclaration « guerrière » contre la délinquance dans notre pays, le gouvernement devrait passer plus de temps à méditer les rapports commandés par lui-même concernant les forces de sécurité dans notre pays.
En effet, selon une étude « Où sont les policiers et les gendarmes ? » des criminologues Alain Bauer et Christophe Soullez, le poids des « charges indues » pèse lourdement sur les missions de sécurité publique. Stagnation des effectifs des policiers et gendarmes, augmentation des charges judiciaires, moindre présence sur le terrain, c’est le constat alarmant de cet état des lieux (*).
Le nombre de policiers et gendarmes aurait « peu varié » ces dix dernières années, atteignant 222.059 fonctionnaires ou militaires en 2008 contre 221.739 en 1998, « alors même que la population française a augmenté de manière significative (+5,8%) et dans un contexte de radicalisation de la violence interpersonnelle » confient les auteurs.
L’étude révèle aussi que de nombreuses tâches continuent à peser lourdement sur le potentiel mobilisable des effectifs de la sécurité publique et sur le nombre d’heures qu’ils devraient consacrer aux missions de la protection de la population. Au total, si on comptabilise l’ensemble des charges judiciaires, des gardes statiques, des détachés et mis à disposition, des maladies et maternités, des blessures en service et des formations, ce sont 11,9% des effectifs de police nationale et de gendarmerie qui sont considérés comme « indisponibles ». On passe ainsi d’un policier « sécurité publique » pour 409 habitants à 1 pour 753.
La droite devrait être beaucoup moins arrogante sur ce sujet et commencer par balayer devant sa porte...