Identité nationale : Pourquoi je n'ai pas débattu à Saint-Germain-en-Laye
Le Journal de Saint-Germain rend compte succinctement du débat sur l'identité nationale organisée à Saint-Germain-en-Laye le lundi 14 décembre à 17 heures à la salle Jacques Tati.
Il oublie de préciser que la salle Jacques Tati avec ses 400 places a accueilli seulement 40 personnes dans la salle y compris les personnalités politiques locales !
L'identité nationale ne peut pas être définie une fois pour toutes : elle prend sens dans l'usage politique et civique des citoyens. On ne peut débattre qu'avec prudence sur une question aussi complexe que celle de l'identité. D'ailleurs il n'est identité que dans la relation avec les autres : c'est face aux autres que je suis reconnu ou au contraire nié par eux. C'est d'ailleurs à ce moment que j'éprouve mon identité. En faisant mine de s'inquiéter d'une identité nationale qui n'est ni contestée, ni menacée en France, notre gouvernement a pris un risque considérable : celui de conforter les peurs, d’attiser les inquiétudes, de figer l'identité nationale autour de comportements ou d'attitudes majoritaires. Il met en péril cette cohésion même qu’il prétend conforter. Le débat nous montre un repli nationaliste, car il faut des boucs émissaires, ce sont les autres, les étrangers et cela devient l'immigration. Débattre dans ces termes de l'identité nationale, c'est exalter une conception ethno-communautaire de la nation. Je le dis avec force et conviction : à chacun de nous de ne pas exalter cette identité, mais de tout faire pour la rendre plus fraternelle.
Pascal Lévêque
Conseiller municipal de Saint-Germain-en-Laye
Je partage entièrement l'appel de Médiapart, reproduit ci-dessous:
« Nous ne débattrons pas.
Par principe, nous sommes favorables au débat. À sa liberté, à sa pluralité, à son utilité. C'est pourquoi nous refusons le débat sur l'identité nationale organisée par le pouvoir : parce qu'il n'est ni libre, ni pluraliste, ni utile.
Il n'est pas libre car c'est le gouvernement qui le met en scène, qui pose les questions et qui contrôle les réponses. Il n'est pas pluraliste car sa formulation réduit d'emblée nôtre diversité nationale à une identité unique. Il n'est pas utile car cette manœuvre de diversion est une machine de division entre les Français et de stigmatisation envers les étrangers.
Affaire publique, la nation ne relève pas de l'identité, affaire privée. Accepter que l’Etat entende définir à notre place ce qui nous appartient, dans la variété de nouveaux itinéraires, de nos expériences et de nos appartenances, c'est ouvrir la porte à l'arbitraire, à l'autoritarisme et à la soumission.
La République n'a pas d'identité assignée, figée et fermée, mais des principes politiques, vivants et ouverts. C'est parce que nous entendons les défendre que nous refusons un débat qui les discrédite. Nous ne tomberons pas dans ce piège quand nous avons mieux à faire : promouvoir une France de la liberté des opinions, de l'égalité des droits et de la fraternité des peuples. »